La réalité du monde rural au Tchad : Bour, dans le Nord Kanem, confronté à l’absence d’infrastructures sanitaires

Article : La réalité du monde rural au Tchad : Bour, dans le Nord Kanem, confronté à l’absence d’infrastructures sanitaires
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25 décembre 2020

La réalité du monde rural au Tchad : Bour, dans le Nord Kanem, confronté à l’absence d’infrastructures sanitaires

Centre de santé de Bour dans le Nord-Kanem en construction. Photo crédit : Moussa Djidingar

Un reportage du journal Le Monde montrait que les accouchements dans le Kanem constituent un risque pour les femmes, par manque d’infrastructures sanitaires et de personnels qualifiés dans la zone. Au-delà de cette réalité, le Nord-Kanem est encore plus vulnérable sur ces points. L’un des plus vastes département du Kanem, le Nord-Kanem, figure dans la liste des zones à l’insécurité alimentaire et sanitaire des organismes humanitaires. Aujourd’hui je vous fais lire la triste réalité d’un des plus gros village de la sous-préfecture de RigRig, Bour.

Bour, appelé aussi « Soudi », est un très grand village dans la sous-préfecture de RigRig, département du Nord-Kanem. Samedi est le jour du marché hebdomadaire. Grouillé de monde, dans ce marché, les habitants du village et des autres villages voisins, au-delà de 20 à 30 kilomètres, viennent se ravitailler.

Bour n’a qu’un seul centre de santé en perdition infrastructurelle pour plus de 3 000 personnes (chiffre estimatif). Une seule chambre en potopoto, fragile, en phase d’écroulement, est la salle des soins et concomitante à la maternité. Elle jouxte le bureau du RCS (responsable de centre de santé).

Vu l’état du centre de santé, deux chambres en potopoto (voir la photo ci-dessous) sont en construction (certainement une œuvre communautaire) sur une dune de sable, sans abris de protection.

Pas de forage au niveau du poste de santé : les patients viennent avec leurs propres bombonnes d’eau. Sur une natte au sol, je me retrouve face à un patient sous perfusion. Comme à l’accoutumée après une longue salutation, le garde malade me dit que le malade souffre du paludisme. Il est certainement difficile de se soigner normalement dans cette zone, où le minimum des soins est hypothétique. Le chef de ce village, que j’ai pu côtoyé lors de mon premier passage, n’a pas hésité à me parler d’un plaidoyer à faire auprès de l’État, des organismes non gouvernementales et des personnes de bonne volonté à venir à leurs secours, en construisant un centre de santé couplée à une maternité avec des personnels qualifiés.

La santé n’a pas de prix

La santé n’a pas de prix. Le gouvernement tchadien a la responsabilité de faire une répartition équitable des biens publics, des services publics. Il est inadmissible qu’au 21e siècle, les priorités élémentaires soient un luxe.

Voilà comment vit le monde rural sous une inégalité de répartition des biens publics.

A travers ce billet, j’interpelle l’État tchadien à intervenir le plus tôt possible dans cette zone, afin de sauver des vies humaines. S’il y a des moyens pour organiser des campagnes électorales, il y en aura aussi pour sauver des vies humaines.

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